Exposition collective d'étudiant.e.s du DNSEP 2020
Du 9 octobre au 31 octobre 2020
Commissariat de Frédéric Herbin
Avec Germain Bruyas – Solène Charton – Tifaine Coignoux – Lou Froehlicher – Wan-Ting Fu –
Boris Grisot – Tatjana Komaroff – Marie Piquer-Bienfait – Thomas Thuaux – Jianru Wang
Programmation Box 2020-2021
Tifaine Coignoux, « Jardin en nage », 2020, impression sur textile, plâtre, branchage (détail) © photo Éric Aupol
Difficile d’envisager le parcours des diplômé.e.s de cette année en faisant abstraction de la crise sanitaire qui l’a bousculé. Les discours qui ont accompagné l‘arrêt brusque de nos activités ont exacerbé l’idée d’une rupture : à la rhétorique de « l’ancien » et du « nouveau monde » a succédé celle du « monde d’avant » et du « monde d’après ». Mais ces injonctions au basculement ont-elles un sens pour une génération qui a grandi à l’ombre de la crise financière de 2008, de l’urgence climatique et de la montée des extrêmes ? Les œuvres rassemblées dépassent cette idée que le monde doit changer du jour au lendemain et qu’entre ces deux états il faut impérativement choisir. Elles nous invitent à penser au-delà des binarités. Elles préfèrent la métamorphose et l’hybridation plutôt que la rupture. Si un autre monde s’annonce, il ne s’agit plus d’une utopie à laquelle on offre un blanc-seing pour tout balayer.
Les dévoiements des utopies passées invitent désormais à poser un regard critique sur tout système qui promet de se substituer avantageusement à celui qui l’a précédé. Loin de toute résignation face à cette longue histoire, nos jeunes artistes témoignent davantage de la modestie qu’elle leur apprend. Leurs œuvres n’hésitent pas à battre en brèche nos ambitions pressantes de renouveau et l’anthropocentrisme qui en est le mètre-étalon. Considérant un champ qui s’étend des mythes anciens aux récits d’anticipation et une collectivité qui embrasse également le non-humain, ces travaux mettent en perspective notre réalité, quitte à en imaginer une où notre espèce aurait disparue. Le décentrement de notre expérience immédiate de sapiens du XXIe siècle devient donc une forme de programme, puisque ce monde n’a jamais cessé ses révolutions.