Commissariat de Asli Seven
Du 20 mai au 19 juin 2021
Programmation 2020-2021
Les expressions « Vivre Parmi » et « Tourner Ensemble » proviennent des racines étymologiques et de l’histoire des usages du mot conversation.
Puisant dans les aspects corporels, affectifs et collectifs de l’histoire du mot, l’exposition ramène le corps, la polyphonie et la communauté
dans la conversation.
Depuis son origine en latin « tourner ensemble » jusqu’au XVIe siècle, la conversation a conservé en français la signification unique de « vivre ensemble », et en anglais, de « manière de se conduire dans le monde », mobilisant l’idée d’interactions entre un organisme et son environnement. À la manière de l’improvisation collective, c’est un jeu de miroirs qui repose sur l’écoute active et multiple de chacun.e envers les autres et qui caractérise la conversation comme médium : écouter l’écoute de l’autre, l’écoute de soi et écouter les intervalles de silence qui composent l’ensemble de la situation. On vit parmi les phonèmes, les rythmes, les sons et les gestes. On tourne ensemble vers la création collective et le réel symbiotique, on se délecte de l’inachèvement.
Qu’il s’agisse « d’un vivre ensemble » avec d’autres intelligences vivantes ou non-vivantes, des formes de communication avec les spectres et les fantômes, du concept du « phénotype étendu » ou encore de la transmission intergénérationnelle des gestes et des formes, la conversation est multiple, polyphonique, et elle fait communauté. À travers différents battements marquant la présence et l’absence de sons et d’images composant les œuvres, l’exposition elle-même respire et bouge selon les rythmes circadiens. De la conversation entre les œuvres émerge la possibilité d’un organisme composé de mémoire et de souffle, prolongeant la conversation au-delà d’une communauté de langues, d’esprits et de corps humains, vers des spéculations sur les origines climatiques, minérales et botaniques du langage.
Issue d’une recherche curatoriale de plusieurs années et reposant sur des dialogues de longue durée, l’exposition comporte une réflexion sur la conversation comme méthode et comme contexte d’émergence et de réception de toute forme artistique et elle se pense comme une conversation en cours.
english version
The expressions “live among” and “turn together” stem from the etymological roots and history of the uses of the word conversation. Drawing upon the bodily, affective and collective aspects of the word’s history, the exhibition brings back the body, the polyphony and the collective movement into its meaning.
From its latin root « to turn together », up until 16th century, in French the word conversation has preserved its unique signification as « living together », and in English as « manner of conducting oneself in the world », both activating the idea of interactions between an organism and is environment. In the manner of collective improvisation, it is a mirror game of each participant’s active listening to the situation that is the main characteristic of the collective as medium. The act of listening is multiple: listening to the situation, listening to oneself listen, listening to the others listen and to the intervals of silence which compose the situation. We live among phonems, rhythms, sounds and gestures. We turn together towards collective creation et the symbiotic real, we revel in incompleteness. Whether it is with other living or non-living intelligences, forms of communication with spectres and ghosts, our extended phenotype or the intergenerational transmission of gestures and forms, conversation makes community. Through various beats marking the presence and absence of sounds and images composing the works, the exhibition itself breathes and moves according to circadian rhythms. Out of the conversation between the works emerges the possibility of a living organism, composed of memory and breath, extending the conversation beyond a community of human minds and bodies to arrive at hypotheses around climatic, mineral and botanical origins of language.
The result of a long term curatorial research and based on long-lasting dialogues, the exhibition carries a reflection on conversation as method and as context for the emergence and reception of any artistic form, and thinks of itself as an ongoing conversation.