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Exposition des étudiants de Rosa Barba, HfK Université de Brême (Allemagne)

Du 5 mai au 4 juin 2022

Programmation 2021-2022

avec Alex Beriault | Angela Lieber | Anhelina Burmaka | Berna Esra Ayzit | Camilla Metelka | Jiale Wei | Jiwoo Park | Liesl Lindeque | Mengzhu Xue | Raúl Noriega | Yuliya Tsviatkova | Yuxiao Huang

Monument à un membre fantôme

Lorsque les œuvres qui constituent Monument à un membre fantôme sont réunies, il devient évident qu’elles forment une sorte d’organisme.

Pas entièrement articulé, peut-être plus sensible — chaque pièce pouvant être lue comme un effort pour métaboliser une question. Comme à travers différentes membranes, elles trouvent leur chemin pour persister comme entités individuelles tout en évoquant des motifs qui permettent leur connexion.
Les œuvres sont animées par des problématiques viscérales qui, dans leur questionnement, invitent le public à faire se croiser les paysages de la matière et de l’émotion. Certaines trajectoires nous conduisent à ces paysages à travers le traumatisme et la douleur. Certaines sont motivées par de curieuses explorations de nos identités, de notre moi physique et de notre environnement, tandis que d’autres relèvent du souvenir et de l’imagination. La connexion aux autres et les scénarios alternatifs aux structures normatives sont également abordés dans plusieurs pièces. Ces différents sujets, aux multiples facettes, sont exprimés à travers différents médias, de la gravure à la sculpture en passant par la vidéo expérimentale et l’installation sonore. Les œuvres exposées font allusion au membre fantôme pour inviter à la réflexion sur l’interaction complexe entre les sensations des mondes matériels et fantasmatiques de l’expérience humaine.
L’exposition souhaite créer un espace permettant au public de ressentir, d’éprouver et d’explorer les champs de son intériorité souvent cachés sous des strates de peau, de secret ou d’hypothèses non questionnées. L’exposition arrive à un moment où de tels points d’accès sont essentiels pour produire des lieux de connexion et de compassion.

Biographies :

Rosa Barba
Connue pour travailler avec le film analogique à la fois comme médium et comme sujet dans ses sculptures et installations, l’artiste et cinéaste berlinoise Rosa Barba a utilisé le film et ses appareils associés pour accentuer les environnements naturels et artificiels.

L’une de ses premières œuvres à jouer avec le cinéma et la projection, Flight Machine (1999), obligeait le spectateur à pédaler sur un vélo à une vitesse spécifique pour qu’un projecteur modifié montre un film d’un bourdon en vol.

Le travail fondateur de Rosa Barba a été dans le domaine du film et de l’installation, les deux se chevauchant souvent. Les installations cinématographiques et les œuvres qui expérimentent les mécanismes de projection ont été un élément essentiel de son travail. Celles-ci ont souvent été rehaussées par le son et la musique. La relation entre l’action humaine et l’environnement a été un élément persistant de ses films expérimentaux. Bending to Earth (2015) présente des images de champs de sites de stockage de déchets radioactifs filmées depuis les airs. De même, Aggregate States of Matters (2019) examine l’impact du changement climatique sur les glaciers andins et sur les peuples qui vivent à proximité depuis des générations.

Plus que de simplement faire des films, Barba travaille avec la philosophie selon laquelle « un film est un interprète ». Dans l’installation cinématographique en trois parties phare, The Hidden Conference (2010-2015), Barba joue simultanément trois films sur les installations de stockage des musées filmés à différentes années et dans différents endroits. Avec des bandes sonores qui se chevauchent et des durées différentes, les films présentent les œuvres d’art stockées comme les protagonistes, jouant ensemble sur une chorégraphie en constante évolution. Barba utilise également les moyens de projection comme médium. Sa longue série « White Museum » (2010-2019) réaligne la relation entre le film, le spectateur, la projection et le sujet. Les espaces d’exposition sont transformés en salle de projection avec un appareil projetant un champ de lumière sur une zone spécifique à l’extérieur, faisant de la réalité le film fictif.
Barba produit également des installations activées par la performance qui prennent vie avec un accompagnement musical. Sa collaboration avec le percussionniste Chad Taylor pour In a Perpetual Now of Instantaneous Visibility (2019) voit le rythme de la batterie et du violoncelle synchronisé avec des obturateurs de projecteurs projetant des rayons lumineux. Dans Voice Engine (2021), commandé par le Festival international du film de Rotterdam, dont la première a eu lieu au Callie’s de Berlin, des chants choraux activent des projecteurs analogiques à des fréquences définies.

Extrait de l’article de Kaya Genç paru dans le numéro de la revue Art in America de janvier 2020.

Érik Bullot
cinéaste, théoricien. Enseigne à l’École nationale supérieure d’art de Bourges.

Enrico Camporesi
Chargé de la recherche et de la documentation au service de la collection film du Centre Pompidou Enrico Camporesi est l’auteur de Futurs de l’obsolescence (Éditions Mimésis, 2018), un livre sur la restauration des films d’artistes. Depuis 2020 il coordonne le projet « TypoFilm – la lettre à l’écran », soutenu par l’École universitaire de recherche ArTeC.

Marjorie Micucci
Critique d’art et commissaire d’exposition, Marjorie Micucci est l’autrice d’un essai sur l’œuvre de Rosa Barba, Géologies de la distance (FRAC Franche-Comté/Les Presses du Réel, 2017). Son travail critique s’attache plus spécifiquement aux relations entre arts visuels et littérature chez un certain nombre d’artistes contemporains (Roni Horn, Jean-Christophe Norman). A également publié plusieurs livres de poèmes (La baleine noire, Éditons Tarabuste, 2019).

 

English version

Monument to a phantom limb
05.05.2022 – 04.06.2022

Exhibition of Rosa Barba students
“Expanded Cinematic Spaces and Conceptual Photography” HfK – University of the Arts Bremen, Germany

When the works that form Monument to a Phantom Limb come together, it becomes clear that they comprise an organism of sorts. Not fully articulated, perhaps more fully felt – each piece readable as an effort to metabolize a question. As if through different membranes, they find their paths to stay individual entities on themselves, but reflect on topics that enable their connection.
The works are driven by visceral questions that in their asking invite the audience to re-entangle the often-bifurcated landscapes of the material and the emotional. Some directions take us to these landscapes through trauma and pain. Some are driven by curious explorations of our identities, physical selves and environment, while others touch on memories and imagination. Connection to others and assumptions of alternative scenarios of normative structures are addressed in several of the pieces as well. The multifaceted subjects are expressed through different media, spanning from prints and sculptures to experimental videos and sound installations. The exhibited works allude to a phantom limb to invite reflection about the complex interplay between the sensations of material and phantasmic worlds of human experience. The exhibition hopes to create a space for the audience to feel, sense, and explore the fields of their interiority that are often hidden under layers of skin, secrecy, or unquestioned assumptions.
The exhibit comes at a time when such access points are vital to generating spaces of connection and compassion.

Biographies 

Rosa Barba
Known for working with analog film as both medium and subject in her sculptures and installations, Berlin-based artist and filmmaker Rosa Barba has used film and its associated devices to accentuate natural and man-made environments.

One of her first works to play with film and projection, Flight Machine (1999), required the viewer to pedal a bicycle at a specific speed in order for a modified projector to show a film of a bumblebee in flight.

Rosa Barba’s seminal work has been in the realm of film and installation, the two often overlapping. Film installations and works that experiment with projection mechanisms have been an essential element of her work. These have often been enhanced by sound and music. The relationship between human action and the environment has been a persistent element of his experimental films. Bending to Earth (2015) features field images of radioactive waste storage sites filmed from the air. Similarly, Aggregate States of Matters (2019) examines the impact of climate change on Andean glaciers and the people who have lived near them for generations.

More than simply making films, Barba works with the philosophy that « a film is a performer. » In the landmark three-part film installation, The Hidden Conference (2010-2015), Barba simultaneously plays three films about museum storage facilities filmed in different years and locations. With overlapping soundtracks and different durations, the films present the stored artworks as the protagonists, playing together in a constantly changing choreography. Barba also uses projection media as a medium. His long-running series « White Museum » (2010-2019) realigns the relationship between film, viewer, projection and subject. Exhibition spaces are transformed into a projection room with a device projecting a field of light onto a specific area outside, making reality the fictional film.
Barba also produces performance-activated installations that come to life with musical accompaniment. His collaboration with percussionist Chad Taylor for In a Perpetual Now of Instantaneous Visibility (2019) sees the rhythm of drums and cello synchronized with projector shutters casting light beams. In Voice Engine (2021), commissioned by the Rotterdam International Film Festival and premiered at Callie’s in Berlin, choral singing activates analog projectors at set frequencies.

From Kaya Genç’s article in the January 2020 issue of Art in America magazine.

Érik Bullot
Filmmaker and theoretician, Erik Bullot is also a teacher at Ensa Bourges.

Enrico Camperosi
In charge of research and documentation at the film collection department of the Centre Pompidou Enrico Camporesi is the author of Futurs de l’obsolescence (Éditions Mimésis, 2018), a book on the restoration of artists’ films. Since 2020 he has been coordinating the project « TypoFilm – the letter on the screen », supported by the University Research School ArTeC.

Marjorie Miccuci
Art critic and curator, Marjorie Micucci is the author of an essay on the work of Rosa Barba, Géologies de la distance (FRAC Franche-Comté/Les Presses du Réel, 2017). Her critical work focuses more specifically on the relationship between visual arts and literature in a number of contemporary artists (Roni Horn, Jean-Christophe Norman).  She has also published several books of poems (La baleine noire, Éditons Tarabuste, 2019).

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>> Jeudi 5 mai 2022
• 14h – Cinéma Saint-François :
Projections de films d’étudiant.e.s de l’Ensa Bourges et de l’Université des Arts de Brême-HfK
Table ronde et projection de films avec Rosa Barba, Marjorie Micucci et Enrico Camporesi, modérée par Érik Bullot.
• 18h – Vernissage à La Box
>> Thursday, May 5, 2022
• 2 p.m. – Saint-François Cinema: Screenings of films by students from Ensa Bourges and the University of the Arts Bremen-HfK Round table and film screening with Rosa Barba, Marjorie Micucci and Enrico Camporesi, moderated by Érik Bullot.
• 6 p.m. – Opening at La Box
with Alex Beriault | Angela Lieber | Anhelina Burmaka | Berna Esra Ayzit | Camilla Metelka | Jiale Wei | Jiwoo Park | Liesl Lindeque | Mengzhu Xue | Raúl Noriega | Yuliya Tsviatkova | Yuxiao Huang