IMAGE/IMATGE Centre d'art - 64300 ORTHEZ
Du 19 novembre 2022 au 18 février 2023
Commissaire d’exposition : Ida Soulard
Avec : Diane Cescutti, Tyler Coburn, Guy De Cointet, Hana Miletic, Lauren Huret,
Ulla Von Brandenburg
En 1833, Ada Lovelace (1815-1852) rencontre la Machine Analytique de Charles Babbage (1791-1871).
Au cœur de cette histoire d’amitié entre celle que l’on surnomme la « reine des machines » et la première calculatrice programmable, se trouve un objet technique, la carte perforée, et une promesse, celle de l’automatisation. Cette dernière permit plusieurs révolutions : musicales (des premiers orgues de barbarie à la musique électronique), textile et industrielle (le métier Jacquard) et informatique (de la machine à calculer de Babbage aux premiers ordinateurs IBM). Lorsqu’elle pénètre les ateliers textiles européens, la carte perforée les transforme en lieux équivoques : des laboratoires de l’économie moderne où se fomentèrent, dès lors, luttes et révolutions, des luddites britanniques aux canuts lyonnais.
Avec la carte perforée, l’histoire textile et l’histoire informatique ont totalement convergé. Le tissage est un art de règle et de code, produisant des images programmées. Au début des années 1990, Sadie Plant, une des grandes représentantes du cyberféminisme, dans son ouvrage Zeros and Ones, faisait alors bifurquer le genre de la technique : la femme digitale connectait féminisme, textile et technologie de l’information. Le cyberespace se rêvait comme le lieu d’une possible libération des genres.
Les textiles, qu’ils soient tissés, brodés ou cousus, font partie des formes industrielles les plus adaptées à la logique du capital (par son abstraction codifiée qui facilite sa reproduction mécanique). Sous leur forme vernaculaire, ils peuvent échapper au marché et à l’œil du pouvoir. Ils peuvent exister au premier ou au second plan, attirer le regard ou disparaître, faire preuve de camouflage, être pliés, cachés, portés, accrochés. Les œuvres présentées dans cette exposition sont à la fois mutiques et encodées de significations multiples. Si l’on sait les regarder, elles racontent des histoires stratifiées, individuelles et collectives, de luttes, ouvrières, féministes, et de résistances.