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Galerie Polaris - 75003 PARIS

Du 19 novembre 2022 au 8 janvier 2023

« je m’avance une fois de plus le long de ces couloirs, à travers ces salons, ces galeries, dans cette construction d’un autre siècle … » *

Des lieux du pouvoir Éric Aupol

Photographier des lieux du pouvoir, l’un au 121 boulevard Haussmann l’autre au 126 rue de l’Université à Paris.

Photographier ces espaces vides, mettre à jour les différentes strates qui les peuplent et qui nous sont révélées comme une mémoire en chantier. Pas de mise en scène, seulement la saisie de ces espaces momentanément délaissés, privés de leur fonction et de leur usage, de ce qui en fait des lieux de pouvoir. Il ne reste à notre regard que le silence et l’absence, la puissance semble mise à défaut, ce sont les coulisses que les photographies d’Éric Aupol révèlent, le théâtre du pouvoir lorsqu’il est en sommeil.

Éric Aupol a toujours utilisé l’outil photographique pour nous montrer ce que l’on ne peut pas observer à l’œil nu. La rigueur géométrique du cadrage agence le réel et les espaces comme des tableaux qui révèlent les mémoires successives de ces lieux chargés de l’Histoire et de représentations du pouvoir. Le velouté du grain photographique, le jeu subtil des reflets et de la lumière donnent une incroyable esthétique à l’ensemble de cette nouvelle série.

Les cadrages, souvent frontaux, induisent une distance dans ce qui ne pourrait être qu’une topographie d’un espace. L’échelle n’est pas immédiatement donnée au spectateur, renforçant peut-être la théâtralité des lieux et des prises de vues.

Ce rapport intime avec l’espace évoque la promiscuité spatiale. Lorsqu’Éric Aupol veut rendre compte des espaces d’accueil, de passage, ou de travail, ces lieux ordinaires, dont tout indique qu’ils sont davantage traversés, ou occupés de façon très provisoire, il choisit alors des fragments, des détails, des espaces de silence, de mémoire, des espaces d’après mais aussi d’avant, des objets que l’on entrevoit souvent de façons partielles ou détournées du regard frontal.

Le passé de ces lieux visités, n’a aucune réalité en dehors de l’instant où il est évoqué avec assez de force, et, en devenant le présent, comme s’il n’avait jamais cessé de l’être. Les traces enregistrées sur ces photographies sont comme les témoignages des événements passés et présents dans ces lieux, mais elles n’en seront jamais les dernières.

*Première phrase du film de Alain Robbe-Grillet de Alain Resnais, L’année dernière à Marienbad