Article de Cécile Colle et de Ralf Nuhn paru le 30 novembre 2022 dans la revue internet AOC [Analyse, Opinion, Critique]
On le sait peu, mais les œuvres d’art se cachent pour mourir.
Toute une partie de la production artistique contemporaine, une fois exposée, est vouée aux oubliettes, faute d’endroit où entreposer les œuvres. Le projet cONcErn entend mettre fin à ce gaspillage et redonner à celles-ci leur éclat. Hors du contexte policé et des enjeux de l’exposition, leur stockage est converti en une expérience esthétique et sensitive nouvelle, remodelée par un environnement radicalement différent.
Que faire des œuvres d’art après leur exposition ? Si cette question se pose de façon pragmatique aux artistes, elle reste généralement effacée de nos imaginaires dans la mesure où, lors de l’exposition, tout est fait pour que l’œuvre transcende sa réalité matérielle, spatiale et temporelle. Même lorsqu’il s’agit d’œuvres qui parlent essentiellement de matérialité, de temps, d’espace.
Même lorsqu’il s’agit d’œuvres éphémères, qui engagent des processus sur la durée de l’événement. Le moment de l’exposition suspend les œuvres et les actions dans une sorte de torpeur contrôlée de la forme idéale.
Mais cet instant public, comme la pointe d’un iceberg flottant et fascinant de stabilité, s’équilibre d’une masse logistique invisible, souvent lourde, et que seules les institutions et les galeries commerciales arrivent à maintenir un temps donné. Pour les artistes qui – in fine – ont la charge de leur travail, les dessous de l’exposition restent une zone critique, un poids économique difficile à porter et qui pèse sur leur pratique. Il se peut qu’à cet endroit se joue le destin des œuvres d’art. […]
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