LaTRANSVERSALE - Lycée Alain-Fournier
Du 7 décembre au 20 janvier 2023
Anaïs Dunn et Anne Houel
Sur une invitation d’Emmanuel Ygouf
Évoquant l’esthétique particulière de ces espaces architecturés de transition, le titre de l’exposition d’Anaïs Dunn et d’Anne Houel
renvoie à ces étranges constructions liminaires et intermédiaires, vidées de toute présence humaine, dont de nombreuses photographies circulent sur les réseaux sociaux et le web, convoquant autant les lieux hantés de nos rêves autophobes, que les seuils techniques abandonnés des maps des jeux vidéo. Les Liminal spaces sont les équivalents spatiaux du ménisque, partie courbe qui apparaît à la surface de l’eau dans son contact avec l’air ou une surface solide : un passage autant qu’une frontière obtenue par contact entre deux mondes.
C’est cette idée de paysages et de formes architecturées ou prismatiques qui ouvriraient un passage à la limite du seuil de notre perception, fugitivement donné à entrapercevoir, qui parait lier le travail d’Anaïs Dunn et d’Anne Houel, dans un intérêt commun pour la structure autonome et pour la mise en forme d’éléments et d’espaces naturels construits, dans une vision non plane du monde environnant. Leurs œuvres hybrident des formes et volumes qui semblent hétéronomes aussi bien à l’histoire de la sculpture, qu’à l’architecture et à la géologie, en en recevant les lois et les règles imposées, mais unifiés par la matière.
Ouvert sur rendez-vous uniquement
du lundi au vendredi, de 8h à 18h contact.latransversale[at]gmail.com
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Liminal Spaces est une exposition inscrite dans le module de formation Initiation aux métiers de l’exposition de la CPES-CAAP (Classe préparatoire aux études artistiques – Classe d’approfondissement en arts plastiques) du Lycée Alain-Fournier de Bourges. Invitées par son coordinateur, Anaïs Dunn et Anne Houel auront pour assistant·e·s les étudiant·e·s de cette Classe préparatoire artistique, qui prendront une part active de la scénographie et du montage de leur exposition, et auront en charge la médiation auprès des publics.
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Anaïs Dunn
Démarche artistique
La matière comme fond et forme
Anaïs Dunn, issue de la génération Y (1979-1995) marquée par la fulgurance des avancées scientifiques et technologiques, fait partie de cet échantillon de population témoin de « l’immersion de l’être humain dans une atmosphère dont la moindre molécule est imprégnée par son activité ». C’est à travers les différents aspects de cette pollution moléculaire du domaine de l’infiniment petit, voire de l’invisible, qu’Anaïs Dunn développe une pratique artistique embrassant la sphère scientifique.
Ses recherches se portent sur la qualité intrinsèque des matières naturelles tels que le bois, l’argile, le métal et le verre (Prix de la jeune Création du verre français – Musée/Centre d’Art du verre, Carmaux) pour s’étendre aux matériaux industriels issus de la pétrochimie, comme le plastique, le goudron, le pétrole ou l’huile de vidange. La matière, simple ou complexe, devient ainsi sujet et objet, fond et forme de ses expérimentations artistiques.
À la manière des artistes Olafur Eliasson ou James Turell qui répliquent des grands phénomènes météorologiques de manière artificielle, Anaïs Dunn réalise des installations qui reproduisent les mécanismes géodynamiques de la Terre. Il ne s’agit pourtant pas ici de réalisme ou de mimesis, mais d’une prise de conscience que le moindre fragment de matière a un impact sur tout un écosystème, et qu’il est aussi bien moteur et porteur de « puissance de création » que de destruction. (…)
Du sublime à l’entropie
Si l’on pense que « l’art imite le monde », la pratique d’Anaïs Dunn s’articule autour des préoccupations écologiques actuelles qui découlent de la terrible dichotomie « nature – culture » propre à l’ère post-industrielle, et dont les conséquences dévastatrices annihilent l’ensemble du vivant. L’artiste évoque son besoin de toujours rester au contact de la nature. (…) En exploratrice de la dernière heure, Anaïs Dunn capture l’essence des paysages voués à disparaître au contact de la civilisation humaine. À la manière d’une géologue, elle recense et archive leurs éléments constitutifs — vagues, pierres, terre, icebergs, sons —qu’elle dessine, photographie, filme et enregistre, tout en recueillant les informations nécessaires à leur future représentation : formes, compositions, dimensions, matériaux, lieux de formation, températures, causes d’extinction. Justifiés par l’urgence de la crise climatique, ces relevés détaillés inaugurent la production d’une mise en forme contemporaine pour immortaliser et perpétuer la mémoire de ce qui ne sera plus.
(…) Sur le même thème, Tension Paysage (2021) est une installation constituée de modules géométriques en verre soufflé suspendus par des tiges métalliques sur lesquelles est placé un système de vibreurs transmettant des basses fréquences issues de données sismiques et océaniques de l’Antarctique récupérées par l’artiste auprès du CNRS. À la capture des vibrations, les cloches de verre oscillent, tremblent et tintent, produisant le son incessant du ruissellement de l’eau. (…)
Du laboratoire vers l’espace
Si la matière exerce comme fond et forme dans la pratique d’Anaïs Dunn, elle en détermine aussi l’esthétique. Le verre, matériau de prédilection de l’artiste, est léger, malléable, translucide et sonore. Il lui permet de rejouer la fragilité du monde tout en développant un vocabulaire formel aseptisé, rattaché aux laboratoires scientifiques (…).
L’artiste n’use ainsi jamais de la couleur artificielle, seuls les matériaux donnent le ton, à l’arrière-goût souvent funeste, notamment en qui concerne l’utilisation du noir quand il s’agit d’introduire des produits pétrochimiques. Cette non-couleur, qui a pris de nombreuses significations à travers l’histoire de l’art, étend ici un champ lexical à dominante mortifère, symbolisant la pollution, la toxicité, la contamination et la mort, suite logique du développement de l’ère industrielle de la deuxième moitié du XIXe siècle au temps du charbon alors que « la suie et la fumée enveloppent continuellement d’un crasseux vêtement de deuil » les populations.
Anaïs Dunn réinterprète le monde en de micro-fictions mélancoliques à travers des installations minimalistes à l’esthétique souvent futuriste. (…)
Bio
La pratique d’Anaïs Dunn s’articule autour des préoccupations écologiques actuelles qui découlent de la dichotomie « nature – culture » propre à l’ère post-industrielle, et dont les conséquences dévastatrices annihilent l’ensemble du vivant. Après son DMA en sculpture sur métal à l’ENSAAMA en 2004 puis son DNSEP aux Arts Décoratifs de Strasbourg en 2011, elle s’installe pendant huit ans dans le Finistère en Bretagne pour développer sa pratique artistique au calme et s’initie à la voile.
Dans un besoin de s’extraire de sa pratique laborantine en atelier, elle se lance à la poursuite des grands espaces. Plusieurs fois, elle traverse la Manche et l’Atlantique et part en Islande à la découverte des volcans et des glaciers, des paysages grandioses qui auront une grande influence dans son travail. En explorant le rapport aux matières et matériaux, Anaïs Dunn capture l’essence des paysages voués à disparaître au contact de la civilisation humaine. Des expositions l’amènent en France et à l’étranger (Suisse, Danemark, Lituanie), et débute en 2018 un partenariat avec le CNES (Centre National d’Études Spatiales). Plusieurs sculptures entrent en collection publique (Ville de Brest, Artothèques de Brest et de Saint- Cloud).
En 2021, l’artiste est lauréate du Prix de la Jeune Création du verre français décerné par le Musée/Centre d’art de Carmaux, ce qui lui permet de réaliser Tension Paysage, une installation suspendue en verre soufflé qui est mise en vibration par des données sismiques de l’Antarctique. Anaïs Dunn est désormais en résidence longue au sein du laboratoire de sismologie du CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et de l’EOST (École et Observatoire des Sciences de la Terre) de Strasbourg. En 2022, Tension Paysage a rejoint les collections du MUDAC à Lausanne, en Suisse et a été présentée lors de l’inauguration de la PLATEFORME 10, dans une exposition intitulée ÉCOUTER LA TERRE.
Site Internet d’Anaïs Dunn
instagram
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Anne Houel
Démarche artistique
Anne Houel puise son inspiration dans les territoires où elle est amenée à créer. (…) Elle prend le temps de comprendre le passé d’un territoire et de composer avec les matériaux qu’elle trouve sur place en s’attachant au patrimoine des villes. L’artiste réalise des œuvres contextuelles, glane des éléments sur les chantiers ou dans des brocantes et utilise des matériaux de construction ou liés à la disparition pour ses sculptures et dessins, tel le béton, le ciment, le géotextile, la cendre, plus récemment de par l’installation de son atelier en pleine nature, la paille de seigle et d’autres matières naturelles.
La mémoire des sites, les espaces en creux et les points névralgiques des architectures l’inspirent à créer des œuvres dans l’espace public. (…)
Lors d’expositions, prenant la posture de l’archéologue, elle explore des espaces en transition et dessine sur des vitres, des Mise à jour, dessins éphémères au blanc de Meudon, matière que suggère le chantier en cours. Elle représente des bâtiments disparus ou abandonnés dans un paysage quasi désertique. Ses œuvres visibles depuis la rue dévoilent l’histoire du territoire. Elle observe également les ouvrages de protections lors des chantiers de construction qu’elle considère comme des éléments cristallisant la rénovation et la ruine, le mouvement perpétuel de la construction.
Elle détourne les matériaux de construction et les outils de l’architecte pour récréer des formes où se révèlent les squelettes et les ossatures des constructions. Anne Houel collabore également avec différents participants, enfants par exemple, les invitant à transmettre leur vision de la ville dans laquelle elle est en résidence.
L’artiste plasticienne développe une réflexion sur les manières de construire et sur ce qui fonde l’histoire et les particularités d’une ville. (…) Elle nous incite à réfléchir au devenir de la construction standardisée qui se multiplie dans les villes.
Elle travaille aussi bien à l’échelle de la maquette qu’à l’échelle des espaces urbains.
Ses œuvres in situ ont pour vocation d’être habitées et utilisées par les passants, usagers, habitués des lieux. Certaines de ses sculptures, qui rappellent les jeux, les cabanes, s’adressent particulièrement aux enfants.
Ainsi, les enjeux liés au bâti et à la construction qui bouleversent le paysage urbain sont récurrents dans son travail artistique. Les formes et les matériaux qu’elle emploie mettent en évidence la fragilité ou la pérennité des architectures. Ses œuvres témoignent de la transformation des villes, de leur cycle perpétuel de déconstruction / reconstruction.
Bio
Diplômée de l’Ésam de Caen en 2011, elle y découvre la disparition dans l’architecture à travers l’histoire de la reconstruction caennaise et la désindustrialisation. Depuis, elle s’intéresse à l’architecture à travers le prisme du temps et de l’histoire. Elle travaille aussi bien à l’échelle de la maquette qu’à celle des espaces urbains et puise son inspiration dans les territoires où elle est amenée à créer. Les forces contraires de la construction-déconstruction, de la résistance et du point de rupture, de la présence et de la disparition, sont les terrains de jeu de son travail qui détourne les codes et les processus de construction.
Elle participe actuellement à la Biennale d’architecture organisée par le Frac Centre Val-de-Loire et au programme de résidence en Allemagne à Berlin « A Roof Above Your Head » porté par La Mire. Récemment, ses œuvres pour l’espace public ont été montrées dans le parc du Louvre-Lens, dans le cadre du Festival International des jardins – hortillonnages à Amiens et bientôt sur la plage de Ouistreham en Normandie pour le programme Mondes nouveaux initié par le Ministère de la Culture dont elle est lauréate.
Internet d’Anne Houel
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LaTRANSVERSALE espace d’expositions et d’expérimentations contemporaines du lycée Alain-Fournier de Bourges, a rejoint en 2020 le Schéma d’orientation pour le développement des arts visuels (SODAVI) en région Centre-Val de Loire, porté par l’association devenir.art. LaTRANSVERSALE est également identifiée dans le réseau 100TRE-ART de l’académie d’Orléans-Tours