Résidente Box
Février > Avril 2023
Résidences Box 2022-2023
Prendre la parole avec les femmes, 2022, Arsmédia – Centre social Espace 19 Cambrai
La pratique artistique de Céline Ahond réside en une multiplicité de rendez-vous de rencontres avec l’Autre, où l’art et la vie se fondent et se confondent.
On pourrait dire que son travail s’opère précisément dans l’altérité et ébauche des réponses aux questions suivantes : « Qui sommes-nous, ensemble ? », « Qu’est-ce qui nous lie, là ? », eh bien, tout ce qui nous lie c’est la vie vécue et survécue dont Céline Ahond déplace le périmètre d’action dans l’espace de création, et qui par renversement, ramène l’art à la réalité. Prenant comme point d’appui l’expérience contextuelle, Céline Ahond joue sur les interstices entre les formes et les mots et ouvre avec les images un territoire pour l’invention d’un langage performatif. Cette résistance, dans la confiance et la réciprocité partagées, est celle de la connivence où la singularité de chacun est en prise directe avec des points de vue qui nous déplacent. Céline Ahond redéfinit toujours les cadres d’échanges et accueille un dialogue par cet « être là de la performativité » ; celui de fabriquer des liens encore inconnus : ceux-là mêmes du faire œuvre. Si vous vous apprêtez à regarder les œuvres de Céline Ahond, ne pensez pas que ces objets sont autonomes. Faites un effort pour imaginer les conditions de leur origine et leurs effets et actions dans l’expérience de ceux qui l’ont produite. Puis prêtez attention aux arbres dans le paysage, à la loge de votre gardien d’immeuble, à la voiture orange de la DDE… «Vous voyez ce que je veux dire ?»
L’usage de la performance chez Céline Ahond, s’il est loin d’être annexe, est, dirons-nous, connexe aux chemins qu’elle trace. Ces films-performés, que l’on croit à la jonction du documentaire de performances, de ponctions du quotidien et de la fiction la plus délurée ou d’une dualité réalité/fiction n’a plus lieu d’être ici ; si nous vivons dans un film, alors quelle vie filmons-nous ?