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Antre Peaux / Transpalette

Du 24 février au 23 avril 2023

Une proposition de Ninon Duhamel

©Gabrielle Manglou, L’horizon, série Vrai ou faux, 2009

« There is fiction in the space between
the lines on your page of memories
write it down but it doesn’t mean
you’re not just telling stories »

(Tracy Chapman, chanson « Telling Stories », 2000)

« Raconter des histoires », c’est transmettre l’expérience d’un vécu, d’une mémoire, de faits réels ou présentés comme tels. Mais c’est aussi fabuler ou dire des bobards, enrober la réalité d’un voile obscur et laisser le doute s’immiscer entre les mots. Comme pour les rêves, les histoires puisent dans le réel et le transforment, ficelées d’un mélange de vérité et de mensonge, de bizarreries et de sincérité, de dits et de non-dits. De l’espace entre émerge une possibilité d’interpréter, de s’approprier ou de réinventer les choses de la vie : « There is fiction in the space between. »

Tant de mythes, de légendes et de contes commencent par l’énoncé consacré « Il était une fois », plaçant instantanément le récit dans un univers imaginaire, un ailleurs lointain, un temps indéfini. En arabe, l’équivalent de cette formule introductive « kan ya ma kan » [كان يا ما كان ] signifie autant « il était une fois » et « il n’était pas ». Nous sommes avertis : nous ne saurons pas distinguer le vrai du faux et nous sommes libres de croire (ou non) à ce qui nous sera raconté.

L’ambiguïté de cette polysémie énonce le pouvoir de la narration : parce qu’elles nous embarquent dans un temps et un espace hors de l’ordinaire, les fables et autres formes d’histoires font exister des univers où les paroles se délient, où le merveilleux, l’utopique, le tabou et l’impossible peuvent se dire et s’entendre. Dans la fiction, les manques et les absences peuvent être comblés, la mémoire rafistolée, les rôles s’inverser, les pulsions murmurées, les blessures pansées. Par métaphores et ricochets, les récits se chargent d’une fonction performative et ont de l’effet sur nos vies. Véritables outils de compréhension du réel, ils ouvrent sur « un monde qui nous parlera de nous autrement. »

L’exposition TELLING STORIES s’inspire du double-sens de l’expression « raconter des histoires » pour explorer le potentiel créatif, langagier et plastique de la narration. Elle rassemble les regards d’artistes actuels, d’origines géographiques et de générations différentes, dont les travaux jouent de la mise en récit, de la forme narrative ou de l’invention d’imaginaires. Convoquant des références et univers variés, leurs œuvres sont fabriquées à partir d’une multiplicité de sources, de répertoires, de témoignages et d’images. À travers un large panel de média (dessin, photographie, vidéo, performance, céramique, installation…), ils s’aventurent sur le terrain de la fiction pour introduire un décalage avec la réalité, laissant la place au regard critique, à l’humour, à l’invention, au questionnement, soulevant ainsi des problématiques en prise avec notre présent.

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