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Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis

Jeudi 17 novembre 2022

Intervention à la Journée d’études organisée par TransCrit (Transferts Critiques anglophones) et EMMA (Études Montpellieraines du Monde Anglophone)

Queering Blackness - Frédéric Herbin

« Autour de l’icône Leiomy Maldonado : le voguing comme modèle de représentation des identités queer afro-américaines dans la période post-Obama ».

Né au sein des communautés ballroom afro et latino-américaines, le voguing est une danse que l’on remarque de plus en plus au sein des productions culturelles desdites communautés. Véhicule des multiples identités de genre qui s’exprime au sein des communautés ballroom[1], le voguing est aujourd’hui aussi bien représenté dans des émissions de télévision que dans des séries, des vidéoclips, des publicités ou même des œuvres d’art. On voit ainsi émerger des figures transgenres importantes pour les communautés afro et latino-américaines, à l’image de Leiomy Maldonado. La vogueuse remarquée en 2008 lors de sa participation au concours de danse télévisé de MTV, America’s Best Dance Crew, apparaît ensuite dans les clips de Willow Smith (Whip My Hair) ou d’Icona pop (All night), avant d’être érigée en icône dans la série Pose, les publicités des marques telles que Nike ou Black Opal, ainsi que certaines œuvres de l’artiste Rashaad Newsome.
C‘est cette extension du champ de « visibilisation » du voguing en dehors des espaces des communautés ballroom et à travers les médias populaires que nous nous proposons d’analyser dans notre intervention. Nous reviendrons sur la première phase de visibilité du voguing auprès d’un large public qui s’est produite au tournant des années 1990, autour du titre Vogue de Madonna.

La comparaison avec ce que l’on observe depuis le tournant des années 2010 permettra de caractériser comment les représentations évoluent entre ces deux périodes. Il s’agira notamment de regarder si les cultures populaires sont en mesure de relayer la charge critique que le voguing porte contre les dominations blanche, hétérosexuelle et cisgenre, sans en faire seulement un répertoire de mouvements chorégraphiques à la mode. Nous nous attacherons principalement à un corpus d’images en mouvement : vidéoclips, films, émissions télévisées. Pour la période qui démarre avec l’élection du président Obama, la multiplication des exemples nous autorisera à regarder à la fois des représentations générales du voguing, mais également de nous attacher au parcours singulier de Leiomy Maldonado. Nous pourrons ainsi envisager les succès plus ou moins marqués du voguing comme modèle de représentation des identités queer afro-américaines.

Pour en savoir +

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Références indicatives :
– Emily A. Arnold, Marlon M. Bailey, « Constructing Home and Family: How the Ballroom Community Supports African American GLBTQ Youth in the Face of HIV/AIDS », The Journal of Gay and Lesbian Social Services, vol. 21, no 2-3, 2009, p. 171-188.
– Marlon M. Bailey, « Gender/Racial Realness: Theorizing the Gender System in Ballroom Culture », Feminist Studies, vol. 37, no 2, 2011, p. 365-386.
– Marlon M. Bailey, Rashad Shabazz, « Editorial : Gender and sexual geographies of blackness : anti-black heterotopias (part 1) », Gender, Place and Culture: A Journal of Feminist Geography, vol. 21, no 3, 2014, p. 316-321.
– Judith Butler, « Gender is Burning: Questions of Appropriation and Subversion », dans Dangerous Liaisons: Gender, Nation, and Postcolonial Perspectives, éd. par Anne McClintock, Aamir Mufti, Ella Shohat, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1997, p. 381-395.
– George Chauncey, Gay New York (1890-1940) [1995], Paris, Fayard, 2003.
– bell hooks, « Is Paris Burning ? », dans Id., Black Looks: Race and Representation, Boston, South End Press, 1992, p. 145-156.
[1] Voir Marlon M. Bailey, « Gender/Racial Realness: Theorizing the Gender System in Ballroom Culture », Feminist Studies, vol. 37, no 2, 2011, p. 365-386.
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