Commissaires : Lucas Morin & Sasha Pevak
Avec les artistes Jimmy Beauquesne, Bady Dalloul, Jesse Darling, Ilya Fedotov-Fedorov, Olivia Hernaïz, Candice Lin, Simon Martin, Dala Nasser, Josèfa Ntjam, Bassem Saad et Hanna Zubkova.
Programmation 2019-2020
L’exposition to Thomas initialement prévue du 14 février au 24 mars 2020 a été interrompue par les mesures de fermeture des lieux publics et de confinement du gouvernement pour limiter la propagation du virus Covid-19.
Toutefois, pour continuer à rendre visibles les œuvres présentées, nous vous proposons une découverte ou redécouverte virtuelle de celles-ci.
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L’exposition to Thomas développe des récits d’attachement, de dépendance, de colère et de résistance à partir d’une histoire d’amour ordinaire. Elle est pensée comme une adresse à un amant du passé, un certain Thomas à la fois autobiographique et fictif qui pourrait avoir bien d’autres noms. Comme autant de chapitres d’un étrange roman à l’eau de rose, les œuvres de l’exposition font suite à des conversations entre commissaires et artistes où chacun·e investit et transforme son propre Thomas.
Les artistes prennent à bras le corps les émotions et les enjeux politiques qui les produisent et les affectent. Chaque artiste a travaillé à partir de « son Thomas », le faisant surgir de son histoire personnelle en résonance avec les récits et les émotions des commissaires. Jimmy Beauquesne, Jesse Darling, Simon Martin et Josèfa Ntjam offrent des réponses directes à l’invitation en réalisant leurs œuvres spécialement pour l’exposition. Ils et elles adoptent un ton résolument intimiste et se focalisent sur le sentiment amoureux. Ilya Fedotov-Fedorov et Bady Dalloul se penchent sur les états d’impuissance et de perte de contrôle : le premier en figeant un acte brutal d’une violence inouïe, le second en examinant minutieusement la notion de destin, liant avec attention actes quotidiens, astres, et systèmes de domination.
to Thomas mobilise les luttes sociales, les conditions de travail et les subjectivités queer et minoritaires pour interroger la construction collective des émotions.
Les œuvres de Dala Nasser et de Bassem Saad offrent une approche à la fois personnelle et politique : adressées à des êtres chers, faisant usage d’éléments autobiographiques jusque dans les matières mêmes des sculptures, elles questionnent le lien entre mémoire, soin et coercition. Enfin, prenant acte du fait que les émotions ne naissent et n’agissent qu’en relation avec le collectif, Olivia Hernaïz, Candice Lin et Hanna Zubkova ont choisi d’adapter leurs œuvres en s’adressant au contexte de l’exposition, c’est-à-dire à l’école, à ses étudiant·e·s, et à celles et ceux qui la font vivre. Toutes questionnent le travail émotionnel et politique qui s’y opère au quotidien, et proposent des méthodes d’analyse, de survie et de résistance.
Entre l’euphorie amoureuse, le deuil de la perte, l’impuissance, la colère et la rage, to Thomas est un ensemble de gestes profondément intimes. Souvent mises de côté – trop personnelles ou trop singulières, trop fortes ou trop désordonnées – les émotions permettent pourtant aux artistes et aux commissaires de rendre leur travail partageable et accessible, tout en explorant les régimes visuels et politiques complexes qui les déterminent.
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Le cycle Emotional Labor ou Émotions au travail, par Lucas Morin & Sasha Pevak :
Entre l’euphorie amoureuse et le deuil de la perte, les sentiments d’impuissance, la colère et la rage, le programme curatorial Emotional Labor se pense au départ comme un geste profondément intime. Souvent mises de côté – considérées trop personnelles ou singulières, trop fortes ou trop désordonnées – les émotions permettent pourtant aux artistes de rendre leur travail partageable et accessible, tout en explorant la complexité des régimes visuels et politiques qui les déterminent. Emotional Labor interroge la façon de mettre les émotions au travail et réfléchit à leur rôle dans les évolutions et révolutions sociales et sociétales, ainsi que sur leur place dans le système de l’art.