Les pratiques sonores apparaissent à l’École nationale supérieure d’art de Bourges au tournant des années 90, dans la continuité de l’activité de l’Institut de musique expérimentale de Bourges (IMEB) et du Conservatoire de musique et de danse de Bourges (sa classe de musique électro-acoustique).
Ces structures historiques ont laissé un héritage que l’École a repris en le déplaçant vers des approches plus plastiques du son incluant la spatialisation et la captation sonore, la sculpture et l’installation sonore, les pratiques live et performatives, la radio comme médium artistique… Le son est ainsi abordé dans une amplitude plus large, en écho aux évolutions des scènes artistiques (et musicales) dans ce domaine. Au cours des trente dernières années, de nombreux.euses artistes ont pu suivre et construire des parcours en création mais aussi en ingénierie sonore et en radio. Jérôme Poret, formé à l’Ensa de Bourges et au Conservatoire est un exemple de parcours réussi dans ce domaine et a ouvert la voie. Depuis, Yann Leguay, Romain Gaudillère, Hanna Kokolo, et de nombreux autres tracent le sillon.
L’innovation de ce projet consistait à créer des ponts entre les musiques expérimentales et les pratiques sonores, à réunir des jeunes artistes d’horizons différents et à les doter de cette double approche pour favoriser de nouvelles situations de recherche.
Nina Queissner, DNSEP 2019
Pour mener cette pédagogie et développer un espace unique d’expérimentation et de recherche, l’école s’est dotée de moyens exceptionnels tels que des studios sons, une salle d’écoute, une radio.
Entre 2015 et 2022, des jeunes artistes formé.e.s ou non à l’école ont pu approfondir cette spécialité au sein d’un post-diplôme intitulé Arts et créations sonores (ACS) qui a été la seule formation en France de ce type. Cette formation professionnelle d’une durée annuelle a permis à de jeunes artistes, plasticien.ne.s ou musicien.ne.s, de réaliser un projet de création tout en enrichissant leurs compétences artistiques, techniques et théoriques en côtoyant des professionnel.le.s : ingénieur.e.s du son, artistes, musicien.ne.s, compositeur.e.s… Ainsi, durant cette période, près d’une cinquantaine de jeunes artistes ont été ainsi formé.e.s et ont pu bénéficier de moments de visibilité professionnelle dans différents lieux ou festivals en France et à l’International. Le post-diplôme ACS a pu bénéficier de collaborations précieuses notamment en Belgique avec la formation EPAS (European post-graduate in arts in sound) située à Gand, formation équivalente au post-diplôme de Bourges, et le Festival City Sonic (Trancultures, Média et Sound Arts Center) à Mons ; Musique et Recherche (Annette van de Gorne) à Ohain en France et Ars Electronica Garden à Linz, Autriche.
De même certaines collaborations ont pu s’amplifier et donnent lieu aujourd’hui à des partenariats avec le Département de musicologie et composition acousmatique de Université Gustave Eiffel Paris-Est/Marne-la-Vallée mené par Martin Laliberté, avec l’UNL Universidade Nova de Lisbonne, et le Conservatoire supérieur de Musique Joaquin Rodriguo de Valencia au travers du programme européen IMCC / Erasmus +, avec la friche Antre Peaux (Le Transpalette / Le Nadir / Haïdouc / Emmetrop / Bandits-mages) à Bourges, ainsi qu’avec le Conservatoire de musique et danse de Bourges et la classe d’électroacoustique menée par Jonathan Zwaenepoel. Sur ce dernier point, le Pôle Son travaille à la reconnaissance d’un double cursus entre l’ENSA et le CRD de Bourges.
Dans le champ de l’histoire de l’art et de l’esthétique, Alexandre Castant, professeur à l’école participe pleinement au pôle : ses publications dans ce domaine (dont Les arts sonores, son et art contemporain, Transcultures-ENSA Bourges, 2017) qui font référence et l’Atelier Sonore d’Esthétique (ASE) conduit à l’ENSA, proposent une approche pédagogique inédite qui permet d’aborder les œuvres d’art à travers des productions sonores. Cet atelier ASE existe depuis 2005 et a fait l’objet de présentations dans des contextes internationaux (Festival City Sonic, Belgique).
De son côté, Jérôme Joy, artiste-professeur, initiateur au début des années 90 d’un autre studio son en école d’art à la Villa Arson à Nice (1992-2010) et du programme de recherche Locus Sonus (entre 2004 et 2016), développe différents modules et expérimentations pédagogiques le plus souvent sous la forme de workshops (par ex. en 2019 avec The Residents, en 2022 avec Rhys Chatham), et de séminaires à propos d’espaces-limites du son et de la musique (ces dernières années : Arts & Contextes, WAou, Art & Hypersensibilité, Autotune, etc.), ouvrant de la sorte un champ qui désire explorer les 90% des registres de fabrication, de sensation, d’émotion et de perception du son et de la musique qui ne nous sont pas encore habituels.
Depuis 2022, un colloque annuel, Les Journées du Son, accompagné d’ateliers artistiques et de la publication de ses actes, Les Cahiers du Son, se déroule à l’École nationale supérieure d’art de Bourges chaque mois d’avril, permettant l’expérience d’expositions, de concerts, de performances, etc. ainsi que de workshops et de formes séminaires à partir de propositions des enseignant.e.s et étudiant.e.s.
Partenariats :
- Conservatoire de musique et danse de Bourges, classe d’électroacoustique
- Friche Antre Peaux, Bourges
- Dans le cadre de IMCC/Erasmus + : Département de musicologie et composition acousmatique de l’Université Gustave Eiffel Paris-Est/Marne-la-Vallée, UNL Universidade Nova de Lisbonne (Portugal), Conservatoire supérieur de Musique Joaquin Rodriguo de Valencia (Espagne)
- UQàM Université du Québec à Montréal (Canada), Département des Médias
- Université Laval, École d’Arts, Québec (Canada)
